L’ÉCOUTE, un art oublié

Cela vous arrive-t-il d’entendre sans écouter?

Moi cela m’arrive, particulièrement lorsque je suis fatiguée, préoccupée par quelque chose ou stressée.

J’entends mon interlocuteur me parler. Je prête attention à une phrase qu’il prononce sur deux. J’entends des sons sortir de sa bouche. Je vois bien que ses lèvres bougent. Je hoche la tête de temps à autre pour démontrer que je tente de suivre la conversation.

Mais, véritablement, je ne l’écoute pas, car mes pensées sont ailleurs.

Et soudainement je l’entends me dire : « et bien, tu m’écoutes ou quoi? »

Écouter, véritablement, demande une grande présence à soi et de rester centré.e sur l’autre.

Pas simple.

Écouter, véritablement, est un art.  Le 11ème? Il me semble qu’il y en a déjà 10.

Cela vous arrive-t-il d’écouter, mais en interrompant à plusieurs reprises votre interlocuteur, prêt.e à rebondir à ce qu’il/elle dit à la moindre occasion?

Notre interlocuteur commence une phrase. Nous ne le laissons pas finir, trop pressé.e d’amener notre point, voire de le contredire.

Au lieu de rester centré.e sur lui/elle, volontairement ou non, en l’interrompant, nous ramenons l’attention sur nous.

Or, écouter, véritablement, ce n’est pas cela.

Écouter, c’est se mettre en position d’accueillir le point de vue de l’autre. Pas pour lui répondre ou réagir à ses propos. Mais pour le comprendre.

L’écoute pour comprendre s’appelle l’écoute active. Je l’appelle : le 11ème art

Dans les groupes, les familles et les entreprises qui pratiquent l’écoute active, voici ce qui se passe : Lorsqu’une personne prend la parole, les autres s’engagent à l’écouter sans l’interrompre et, pendant qu’ils écoutent, ils font deux choses, c’est en cela que l’écoute est « active » :

  1.  Ils prêtent attention à leurs pensées : si les pensées les ramènent vers eux-mêmes, ils les chassent rapidement pour recentrer leur écoute sur leur interlocuteur.
  2.  Ils préparent des questions d’éclaircissement ou d’amplification qu’ils poseront si besoin lorsque leur interlocuteur aura terminé de partager son point.

Pas simple.

Pas si compliqué non plus…avec de la pratique ET l’intention d’écouter vraiment.

L’écoute active préserve l’harmonie des familles, la cohésion des équipes et facilite la réussite des processus de transfert.

Personne ne peut la négliger ni s’en passer. Nous en avons tous besoin.

Voici un exemple concret.

Je vous présente Bob et Sam .

Bob est un entrepreneur agricole et Sam est un de ces employés-clé, repreneur potentiel de la ferme.

Ils échangent à propos de l’heure de la traite. Ils ne sont pas d’accord entre eux. Bob est intransigeant : il faut faire la traite tous les matins exactement à la même heure, ce n’est pas négociable.

Il reproche à Sam de commencer un jour à 6h, le lendemain à 6h15, le surlendemain à 6h45, c’est incroyable ce manque de respect des horaires!

Voici un exemple de ce que Sam pourrait répondre, selon qu’il est en mode écoute pour répondre (écoute classique), ou écoute pour comprendre (écoute active et 11ème art) :

 Écoute classique – pour répondre : Bob, t’es trop rigide sur les horaires, quand c’est moi qui fais la traite, qu’est-ce que ça change pour toi si je commence 15 minutes plus tard?

Sam pense que Bob est « vieux jeu », un peu rigide, borné et manque de souplesse.

 Écoute active : Bob, j’entends que pour toi c’est primordial de commencer la traite tous les matins exactement à la même heure. Explique-moi : En quoi c’est primordial? C’est primordial pour qui? Les vaches? Ceux qui font la traite? Quels bénéfices tu as remarqué que ça apporte sur la ferme? Quel impact ça a si on a du jeu de 15 minutes plus tôt ou plus tard?

Bob lui explique alors l’impact sur la rentabilité de la ferme. Avec Liz, sa femme, au fil des ans, ils ont analysé qu’en respectant cette routine horaire, les vaches produisaient plus de lait et de meilleure qualité.

 L’écoute active rassemble. Elle nourrit les liens relationnels et permet la compréhension mutuelle.

 Il est urgent de l’utiliser au sein de nos équipes, à la maison, avec nos partenaires, collaborateurs et employés.

Chers repreneurs, je vous invite à écouter les cédants avec l’oreille de cet art oublié!