Transfert d’entreprise : L’écoute active est la clé 

Entendre, sans vraiment écouter. Cela vous arrive-t-il ?

Moi, oui. Surtout lorsque je suis fatiguée, préoccupée ou stressée.

Dans ces moments-là, j’entends bien les mots. Je vois des lèvres qui bougent. Je hoche un peu la tête pour montrer que je suis présente. Mais, en réalité, de manière inconsciente, je ne suis pas pleinement à l’écoute.

Mon esprit est ailleurs.

Et soudain, mon interlocuteur me lance : « Tu m’écoutes ou quoi ? »

C’est pourquoi, écouter véritablement demande une attention soutenue. En effet, cela exige de rester centré sur l’autre et d’être pleinement présent. C’est un exercice plus difficile qu’on le pense, surtout dans un quotidien où les distractions sont nombreuses.

Pourtant, cette capacité est essentielle, notamment, lorsqu’il est question de transfert d’entreprise. Je l’appelle le 11e art.

Pourquoi l’écoute active est essentielle dans un transfert d’entreprise

Tout d’abord, l’écoute véritable, ce n’est pas simplement entendre des mots. Ainsi, c’est comprendre, sans chercher à répondre immédiatement.

Alors que, bien souvent, nous écoutons pour répondre, pas pour comprendre.

Cela vous est-il déjà arrivé d’interrompre quelqu’un avant qu’il ait fini sa phrase ? Vous êtes prêt à rebondir, à argumenter ou même à contredire. Votre intention est peut-être de bien faire, mais, sans vous en rendre compte, vous coupez l’élan de l’autre et recentrez la conversation sur vous.

Dans une entreprise familiale, cette habitude est fréquente. Pendant une discussion sur la relève, par exemple, les membres de la famille peuvent avoir des réactions vives, car le sujet touche à l’histoire et aux émotions.

L’écoute active permet d’apaiser ces tensions.

En effet, elle offre une méthode claire et efficace pour éviter les malentendus.

Ainsi, elle consiste à :

  • Accueillir le point de vue de l’autre, sans le juger.
  • Rester concentré sur ce qui est dit, malgré les pensées parasites.
  • Poser des questions pour mieux comprendre les besoins et les attentes.

Un art précieux dans les entreprises familiales, notamment lors d’un processus de transfert.

Les 3 niveaux d’écoute: passive, classique et active

Toutes les écoutes ne se valent pas. Chaque manière d’écouter influence la qualité des échanges et des décisions.

Voici les trois principaux types d’écoute :

1. L’écoute passive: entendre sans s’impliquer

Vous entendez des mots, mais vous ne vous sentez pas concerné. Vous êtes présent physiquement, mais mentalement absent.

Exemple: Lors d’une réunion stratégique, vous écoutez d’une oreille distraite, en pensant déjà à la prochaine tâche.

2. L’écoute classique: écouter pour répondre

Vous prêtez attention, mais uniquement pour préparer votre réponse. Vous êtes plus concentré sur vos arguments que sur les besoins exprimés par l’autre.

Exemple: Pendant une discussion sur les rôles futurs dans l’entreprise, vous coupez la parole pour donner votre avis, avant même d’avoir compris celui de votre interlocuteur.

3. L’écoute active: écouter pour comprendre

Vous écoutez avec l’intention de comprendre ce que ressent et pense la personne en face. Vous posez des questions ouvertes, sans jugement.

Les 2 piliers de l’écoute active pour mieux communiquer

De ce fait, l’écoute active ne se limite pas à se taire pendant que l’autre parle. Au contraire, elle repose sur deux piliers fondamentaux :

1. Maîtriser ses pensées parasites

Parce que, quand vous écoutez, votre cerveau a tendance à vagabonder. Il pense à vos propres expériences, souvenirs ou arguments.

Astuce: Ainsi, dès que vous vous surprenez à penser à autre chose, respirez profondément et ramenez votre attention sur les mots de votre interlocuteur.

2. Poser des questions ouvertes

Par ailleurs, l’écoute active implique de poser des questions qui encouragent l’autre à s’exprimer davantage.

Par exemple, au lieu de demander: « Tu es d’accord avec moi ? », préférez : « Qu’est-ce qui te semble important dans cette situation ? »

Cas concret: comment un désaccord sur la traite a été résolu grâce à l’écoute active

Prenons le cas de Bob et Sam, deux collègues dans une ferme laitière. Bob est le propriétaire, et Sam, un employé clé, est pressenti comme repreneur potentiel.

Ils discutent d’un point de désaccord: l’horaire de la traite.

Bob insiste pour que la traite ait lieu tous les jours à la même heure. Sam, lui, ajuste parfois l’horaire de 15 à 30 minutes.

Voyons la différence entre une écoute réactive et une écoute active:

Réaction en écoute classique

Sam répond: « Bob, t’es trop rigide sur les horaires. Quand c’est moi qui fais la traite, qu’est-ce que ça change si je commence 15 minutes plus tard ? »

Dans cette situation, Sam juge Bob et se positionne sur la défensive. Le dialogue risque de s’envenimer.

Réaction en écoute active

Sam répond: « Bob, j’entends que pour toi, c’est primordial de commencer la traite exactement à la même heure. Peux-tu m’expliquer pourquoi ? C’est important pour les vaches ? Pour ceux qui font la traite ? Quels effets as-tu constatés sur la production ? »

Alors, en posant ces questions ouvertes, Sam montre qu’il cherche à comprendre la position de Bob.

Bob lui explique alors que, d’après ses observations et des analyses menées avec sa femme Liz, le respect de l’horaire améliore la production et la qualité du lait.

Cet échange apaise les tensions. Sam comprend mieux les motivations de Bob et accepte plus facilement de suivre la règle.

Écoute active et communication intergénérationnelle: un outil pour réussir son transfert

Lors d’un transfert d’entreprise, l’écoute active ne sert pas uniquement à résoudre des conflits. C’est un outil précieux pour :

  • Faciliter la passation de la vision et des valeurs.
  • Maintenir l’harmonie, malgré les décisions difficiles.
  • Favoriser la cohésion des équipes en évitant les malentendus et les frustrations.

D’ailleurs, l’écoute active demande de la pratique et de la patience. Mais ses effets positifs sont bien réels. Une communication de qualité et des relations apaisées en sont la récompense.

Comment améliorer son écoute active en entreprise?

À présent, vous comprenez à quel point l’écoute est un art que chacun peut cultiver.

C’est pourquoi, nous proposons des ateliers interactifs pour apprendre à pratiquer l’écoute active et ainsi faciliter les processus de transfert d’entreprise.

Contactez-nous pour découvrir comment, avec un simple changement dans votre façon d’écouter, vous pouvez transformer durablement la dynamique de votre entreprise.

Quand planifier un transfert d’entreprise?

Quand et pourquoi planifier un transfert d’entreprise?

«Ce n’est pas le bon moment. On verra plus tard.»

Si vous êtes entrepreneur et que ces pensées vous traversent l’esprit, rassurez-vous: vous n’êtes pas seul. 

Dans le cadre de mes accompagnements, j’ai entendu cette phrase des dizaines de fois. 

Après tout, on le sait planifier un transfert d’entreprise, c’est complexe, délicat, et ça implique d’avoir des discussions qui touchent à la fois au cœur et au portefeuille.

Mais savez-vous que près de 58% des entreprises québécoises n’ont pas de plan de relève formel?*

Alors, quand est-il vraiment temps de s’en occuper ? Et pourquoi est-ce si crucial d’anticiper cette transition?

Découvrons ensemble les pièges à éviter et les étapes essentielles pour réussir son transfert d’entreprise sans stress.

Pourquoi repousser la planification met votre entreprise en danger

Planifier un transfert d’entreprise n’est jamais une priorité… jusqu’à ce que ça devienne.. une urgence!

Prenons l’exemple de Pierre, propriétaire d’une ferme familiale depuis 30 ans. Il repoussait sans cesse les discussions sur sa relève : «On a encore le temps, et puis mes enfants ne sont pas prêts.»

Sauf que lorsqu’il est tombé malade, sa fille a dû reprendre les rênes dans l’urgence. Résultat: décisions précipitées, tensions familiales et perte de revenus.

Pierre n’est pas un cas isolé. Voici les principaux freins qui conduisent les entrepreneurs à procrastiner:

1.Le manque de temps

Entre la gestion quotidienne, les projets en cours et les imprévus, il est tentant de repousser les réflexions stratégiques. 

Pourtant, quelques heures consacrées à la planification aujourd’hui peuvent éviter des mois de chaos demain.

Un truc: planifier à l’avance ce temps «développement d’entreprise» en bloquant des créneaux dans votre agenda.

2. La peur des conflits familiaux

“Et si mes enfants ne s’entendent pas ? Et si l’un d’eux se sent lésé ?”.

Ces craintes sont légitimes, surtout dans les entreprises familiales. Mais c’est justement en abordant ces sujets en amont, avec un processus structuré et transparent, que l’on évite les frustrations.

3. L’angoisse de perdre son identité d’entrepreneur

Pour beaucoup, transmettre son entreprise, cela signifie aussi tourner la page sur une partie importante de sa vie. Alors que pourtant cette transition n’est pas une fin: c’est une opportunité de laisser un héritage et, si vous le souhaitez, de rester impliqué à titre de mentor.

Le saviez-vous ?
Les experts en transfert d’entreprise recommandent de commencer la planification 5 à 7 ans avant la transition effective, afin de permettre des ajustements progressifs et d’assurer une passation harmonieuse.

Si vous ne savez pas comment amorcer la réflexion sur le transfert, entourez-vous des bonnes ressources pour vous faire accompagner. Une façon intelligente et efficace de passer à l’action et d’obtenir un plan concret et rassurant.

Anticiper : un levier de succès pour la relève agricole et familiale

Dans le secteur agricole et les entreprises familiales, la relève est un enjeu majeur. Pourtant, beaucoup de familles hésitent à entamer cette discussion.

Témoignage :
«Mon père avait peur de nous parler du transfert de la ferme. Il pensait que ça allait créer des tensions entre moi et mes frères. Finalement, quand il a osé ouvrir le sujet, ça a été un soulagement pour tout le monde. On s’est réparti les rôles, et aujourd’hui, chacun sait ce qu’il doit faire.»Sophie, 28 ans, productrice laitière.

En effet, quand les discussions commencent tôt, il est possible de clarifier les responsabilités, d’évaluer objectivement la valeur de l’entreprise et d’identifier les besoins de chaque membre de la famille.

Votre checklist pour une transition réussie :

  • Organiser une réunion familiale pour évoquer les intentions et les craintes de chacun.
  • Identifier la personne qui reprendra la tête de l’entreprise et clarifier son rôle.
  • Évaluer les besoins financiers et fiscaux liés à la transmission.
  • S’entourer de spécialistes (conseillers en repreneuriat, fiscalistes, notaires) pour structurer le processus.

Comment éviter les erreurs courantes lors d’un transfert d’entreprise

Les erreurs dans un processus de transmission sont souvent les mêmes, et elles peuvent être évitées si vous les connaissez.

Erreur 1: Attendre trop longtemps

“On verra ça l’année prochaine.” Cette phrase semble anodine, mais plus vous attendez, plus les tensions s’accumulent et les risques fiscaux augmentent.

Erreur 2: Manquer de communication

Le silence est l’ennemi d’une transmission réussie. Les enfants et les collaborateurs ont besoin de comprendre la vision du cédant pour se projeter.

Erreur 3: Négliger les aspects juridiques et fiscaux

Un transfert mal préparé peut entraîner des coûts fiscaux imprévus. Consulter des experts permet d’optimiser cette transition.

Quand commencer la planification de votre transfert d’entreprise ?

Donc vous l’aurez compris, la réponse est simple : maintenant.

Que vous envisagiez une transmission d’ici 2 ans, 5 ans ou 10 ans, mieux vaut anticiper. Un processus structuré permet de préparer sereinement chaque étape et d’impliquer vos proches dans un climat de confiance.

C’est mieux d’éviter d’attendre que la vie vous force à agir de façon précipitée.

Besoin de conseils adaptés à votre situation ? Contactez-nous pour une rencontre exploratoire et découvrir les stratégies qui vous permettront d’assurer la continuité et la pérennité de votre entreprise.

Planifier votre transfert de manière volontaire et stratégique permet de préserver l’harmonie, de garantir la pérennité de l’entreprise et de réduire le stress pour toutes les parties impliquées.

 

Source : enquête publiée par BMO Groupe financier, menée en mars et avril 2023 par Léger Marketing auprès de  500 propriétaires d’entreprises canadiennes questionnées au sujet de leurs plans de succession.

Qui est la source de votre entreprise?

La Source globale: une clé essentielle pour un leadership durable et un transfert réussi

«Pourquoi certains repreneurs trouvent facilement leur place, tandis que d’autres semblent constamment chercher leurs repères ?»

J’ai longtemps observé ce phénomène sans pouvoir l’expliquer… jusqu’à cette conférence à Québec en 2011.

Ce jour-là, Peter Koenig, spécialiste en dynamique organisationnelle, a présenté son concept de «Source globale».

J’ai eu une véritable révélation. J’ai compris que la pérennité d’une entreprise familiale ne repose pas uniquement sur des chiffres, des contrats ou des structures. Elle dépend avant tout de la clarté de la vision portée par une personne : la Source globale.

Alors, qu’est-ce que cette Source exactement ? Pourquoi est-elle si déterminante pour une transmission d’entreprise harmonieuse ? Et surtout, comment identifier et préparer cette personne clé avant qu’il ne soit trop tard ?

La Source globale : plus qu’un poste, une vision incarnée

La Source globale n’est pas un titre, ni une position officielle. C’est une personne qui incarne naturellement la vision de l’entreprise.

C’est celle qui, dans une salle de réunion, pose LA question qui remet les priorités en perspective. Celle dont les décisions, même intuitives, inspirent confiance.

Le saviez-vous ?
Les entreprises qui réussissent leur transfert d’entreprise sont souvent celles qui identifient leur Source globale des années avant la passation officielle.

Trois caractéristiques essentielles d’une Source globale

1.Elle a du flair (même quand les autres doutent)

La Source possède une intuition qui dépasse l’analyse rationnelle. Comme si un GPS interne la guidait vers les opportunités à saisir.

Exemple: Lors d’un projet de diversification agricole, un jeune repreneur a insisté pour tester la culture de camerises. «Personne n’en consomme ici», disaient les sceptiques. Dix ans plus tard, cette production est devenue une des principales sources de revenus de l’exploitation.

2. Elle traverse des phases de doute

Avoir du flair ne signifie pas être sûr de soi en permanence. La Source globale passe souvent par des périodes de doute, d’incertitude.

Mais c’est justement dans ce chaos qu’elle affine sa vision et trouve sa trajectoire.

Insight: Cette phase est inconfortable, mais nécessaire. Le doute est la preuve d’une réflexion en profondeur.

3. Elle prend des risques calculés

Exprimer sa vision demande du courage. Car les idées nouvelles dérangent.

«Tu es fou, ça ne marchera jamais !» Combien de fois les pionniers ont-ils entendu cette phrase ? Pourtant, une Source globale, lorsqu’elle sent la justesse d’une décision, sait s’entourer et avancer.

Cas concret: Une jeune agricultrice a un jour décidé de convertir la ferme familiale en production biologique. Un pari risqué au départ… mais cinq ans plus tard, la ferme répond à la demande croissante et exporte désormais ses produits.

Pourquoi la Source globale est cruciale dans un transfert d’entreprise

Le transfert d’entreprise ce n’est pas uniquement une question de chiffres ou de contrats juridiques. Il est important de le rappeler ici que c’est avant tout une transmission de vision, de sens et d’énergie.

Par contre, sans cette Source, clairement identifiée, nommée et préparée, les risques sont élevés :

Risques fréquents d’un transfert sans Source claire:

  • Perte de repères: les équipes ne savent pas dans quelle direction aller.
  • Conflits familiaux: sans vision partagée, les rivalités deviennent facilement hors de contrôle.
  • Décisions erratiques: faute d’une personne alignée sur les objectifs à long terme.

Repreneuriat: comment préparer la relève en identifiant la Source globale

La relève d’une entreprise, notamment dans le secteur agricole, ne consiste pas simplement à céder des parts. Il s’agit de transmettre une mission et une vision claires.

Voici les étapes clés:

1. Observez les dynamiques naturelles 
Qui, spontanément, pose les bonnes questions ? Qui incarne naturellement les valeurs de l’entreprise ?

2. Échangez ouvertement
Parlez de cette notion de Source avec vos collaborateurs et votre famille. Le dialogue est essentiel pour éviter les malentendus.

3. Accompagnez la Source identifiée 
Un repreneur n’a pas à tout savoir immédiatement. Des formations, des ateliers et un mentorat progressif facilitent cette passation.

Cas d’étude: Une ferme laitière et sa Source inattendue

Lors d’un atelier, j’ai accompagné une ferme familiale qui cherchait à mieux répartir les responsabilités. Le père, convaincu d’être la Source, hésitait à céder le leadership.

Pourtant, en observant les interactions, un autre visage s’est imposé: celui de leur fille cadette, responsable de la régie du troupeau.

Le déclic: Dès qu’elle prenait la parole, les autres s’arrêtaient d’argumenter et l’écoutaient. Son instinct, notamment pour repérer les vaches à surveiller, inspirait confiance.

Le résultat: Après avoir accepté cette réalité, le père est resté mentor, tandis que sa fille est devenue officiellement la nouvelle Source. Aujourd’hui, la ferme est florissante et les tensions ont disparu.

Identifier la Source: un levier stratégique pour votre entreprise

Qui est la Source dans votre entreprise ?

Cette question, bien qu’intimidante, est essentielle. La personne qui incarne naturellement la vision garantit la stabilité et la cohérence de vos actions.

Conseil pratique:

  • Observez qui, dans les moments de tension, garde la vision à long terme.
  • Prêtez attention à celui ou celle qui, sans l’imposer, oriente naturellement les décisions.

Envie d’en savoir plus?

Je vous partage le lien vers un webinaire que nous avons présenté pour plonger dans les dynamiques de leadership et de transmission d’entreprise : https://www.youtube.com/watch?v=6w1rVmWdzCU.

Selon vous, est-ce que le concept de principe Source pourrait transformer la façon dont vous abordez le leadership ou le transfert d’entreprise ? Partagez vos réflexions en nous écrivant !

Ne laissez pas le hasard dicter l’avenir de votre entreprise. 

Texte signé par Martine Deschamps, fondatrice de SynerAction Relève, auteure, conférencière et conseillère gestion de la relève pour les entreprises familiales.